Figure de la mythologie grecque reconnaissable à son visage de femme et à ses pattes de lion, sans oublier ses ailes d’oiseau, le Sphinx est aussi l’une des merveilles que l’on découve en version géante quand on visite le site des pyramides de Gizeh en Égypte.
Mais qui était le Sphinx ? Comment interpréter son mythe ?
Chez En Cavale, nous sommes partis à sa rencontre et lui avons posé quelques questions.
Origines du Sphinx dans la mythologie grecque
Animal mythologique envoyé par Héra pour punir Laïos, roi de Thèbes qui était coupable de l’enlèvement du jeune Chrysippe, le Sphinx serait aussi une créature envoyée par Hadès ou Apollon afin de punir les Thébains à cause de leur impiété.
Le (ou la) Sphinx était un monstre femelle dont l’origine n’est pas très claire :
- Pour Hésiode, ce monstre est le fruit de Chimère et Orthos, le chien bicéphale de Géryon.
- Pour Apollodore, le Sphinx est le fruit d’Echidna et de Typhon.
- Pour d’autres, il/elle serait le fruit d’Orthos et d’Echidna.
Le Sphinx aurait pour frères et sœurs le célèbre Lion de Némée et la Laie de Crommyon.
Ses demi-frères et demi-sœurs seraient le Cerbère, la Chimère et l’Hydre de Lerne.
Figure emblématique de la ville-état de Chios, le Sphinx était apposé sur les sceaux et le revers des pièces de monnaie de la ville.
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Le Mythe du Sphinx
Qui était le Sphinx ?
Avec son visage et sa poitrine de femme, ses pattes et sa queue de lion et des ailes d’oiseau, le Sphinx restait perché sur un pic rocheux du mont Phicium (sur les remparts de la ville de Thèbes).
Il posait inlassablement une énigme — apprise auprès des Muses — aux voyageurs qui passaient à sa proximité.
Les personnes qui ne parvenaient pas à trouver la réponse étaient immédiatement tuées et dévorées.
Quand il n’y avait pas de voyageurs, le Sphinx passait son temps à détruire les champs de Béotie.
Le célèbre mythe du Sphinx
Lorsque le roi Laïos fut assassiné puis remplacé par son frère, Créon, celui-ci venait de perdre son fils Haemon dévoré par le Sphinx.
Créon déclara qu’il offrirait alors son royaume et la main de sa sœur Jocaste à quiconque viendrait tuer défensivement ce monstre.
Beaucoup d’infortunés, alors attirés par la forte récompense, tentèrent leur chance. En vain.
Un jour, Œdipe, fils (adoptif) de Laïos et Jocaste, le couple royal de Thèbes, décida d’affronter à son tour le Sphinx. Celui-ci lui donna l’énigme suivante à résoudre :
« Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes, puis deux jambes, et finalement trois jambes ? »
Sans aucune hésitation, Œdipe répondit : « L’homme ».
Pourquoi ? Parce que lorsqu’il est enfant, l’homme (enfant) se traine à quatre pattes (sur ses pieds et ses mains). Arrivé à l’âge adulte, il se redresse et se tient debout sur jambes. Enfin, en vieillissant, il s’aide d’un bâton ou d’une canne pour marcher.
Quand le Sphinx découvrit qu’Œdipe avait trouvé la bonne réponse, le monstre se jeta du haut de son rocher et se tua. Ainsi l’oracle l’avait prédit, ainsi il se réalisa.
Dans certaines versions, Œdipe, lancé dans une expédition pirate, aurait tué le Sphinx de son épée.
Quoi qu’il arrive, c’est à partir de ce moment-là qu’Œdipe devint le roi de Thèbes. Par la suite, il épousa Jocaste en ignorant que celle-ci était sa mère.
Interprétations du Sphinx
Plusieurs interprétations sont à mettre au crédit du Sphinx.
Le Sphinx égyptien
D’abord, il y a la mythologie égyptienne du Sphinx. Figure complexe, le Sphinx égyptien pouvait prendre plusieurs formes avec un corps de lion sans ailes, avec une tête de faucon ou encore de bélier ou encore d’humain.
Le Sphinx avait avant tout une fonction de gardien des nécropoles en Égypte, empêchant les morts de sortir. Et c’est la raison pour laquelle le Sphinx égyptien se situe sur le plateau de Gizeh, près des pyramides des pharaons.
Symbole de force et de justice divine, le Sphinx était capable de provoquer des cataclysmes comme les tornades de sable pour détruire des villages. Son hurlement crevait les tympans des villageois qui l’entendaient.
Toujours en Égypte, le Sphinx, qui était l’association d’un animal et d’un homme, symbolisait l’union du dieu solaire Râ et du pharaon. Il représentait alors la puissance souveraine de ce dernier.
Le protecteur des eaux
Une autre interprétation, édictée par Pline l’Ancien, est que le Sphinx était un symbole de la puissance des eaux. En effet, on remarque que le Sphinx (et ses nombreuses copies) se situent dans des contrées inondées par le Nil ou près d’un grand cours d’eau.
La statue du Sphinx était un indicateur de la hauteur annuelle des eaux et des différentes crues et décrues.
Le Sphinx dans la mythologie grecque
Enfin, le Sphinx, dans la littérature helléniste concernant les dieux grecs et leurs attributs, était souvent associé à l’art funéraire.
Comme beaucoup de créatures hybrides de la mythologie grecque (griffon, sirène, etc.), le Sphinx était empreint d’une puissance sacrée. C’est pourquoi il est souvent représenté, notamment sur les vases à figures rouges, en train d’enlever sa victime dans les airs.
Ce « transport funèbre » démontre sa bienveillance sur les morts.
Le Sphinx dans les Arts
Le Sphinx, animal mythologique par excellence, apparaît à plusieurs endroits et sous différentes formes dans le monde des arts.
Ainsi, dans le livre « La Théogonie », Hésiode en fait un monstre, sœur de Cerbère, de l’Hydre de Lerne et de la Chimère, apparentée aux Gorgones et à Pégase. Selon les textes anciens, le Sphinx aurait un corps de lion, une tête de jeune femme et des ailes d’oiseau de proie.
Cependant, chez Eschyle, le Sphinx devient une ravisseuse d’hommes. Elle apparaît chez Euripide comme le monstre envoyé par Héra auprès des Thébains pour punir le roi Laïos d’avoir enlevé le jeune Chrysippe.
Une autre version veut que le Sphinx soit envoyé par Apollon ou même par Hadès afin de se venger de l’impiété des Thébains
S’il apparaît sous des traits masculins dans l’art mycénien, il reprend des traits féminins dans le répertoire artistique grec.
Enfin, la Sphinx grecque fut associée à l’art funéraire, assimilé à une sorte de monstre ravisseur, un symbole de la mort. Cette évocation de la mort devint de plus en plus décorative. Elle fut utilisée fréquemment comme ornement sur les monuments funéraires.
De nombreux peintres symbolistes à l’instar d’Ingres (« Œdipe explique l’énigme du sphinx ») et de Gustave Moreau (« Œdipe et le Sphinx », 1864) vont reprendre le thème du Sphinx dans leurs toiles.