Une fois n’est pas coutume, c’est reparti ! Voilà la grosse colère, celle où votre enfant se met à crier, à pleurer, voire à se rouler par terre. Et s’il peut bouder par la suite, le « spectacle » est à son comble.
Mais pourquoi votre enfant sort-il de ses gonds ? Est-il un enfant colérique ? Comment réagir et gérer la situation ? Doit-on élever la voix ? L’envoyer dans sa chambre ? L’ignorer ? Lui ordonner d’arrêter son « cinéma » ? Faut-il passer à la manière forte ou doit-on essayer de la comprendre ?
On vous dit tout sur les caractéristiques de l’enfant colérique pour y voir plus clair.
Décodage de la colère chez l’enfant : Causes et manifestations
Premières manifestations des crises de colère
Les crises de colère font partie du développement normal de l’enfant. C’est notamment le cas quand l’enfant commence à gagner en autonomie, c’est-à-dire vers l’âge de 18 mois.
Si certaines crises de colère ne durent que quelques minutes, d’autres tendent à se prolonger plus longtemps allant parfois jusqu’à 1 heure de vraie colère.
Pendant une colère noire, votre enfant peut se mettre à :
- Crier ;
- Pleurer ;
- Mordre ;
- Donner des coups (poing, pied ou tête) ;
- Lancer des objets ;
- Se rouler par terre ;
- Refuser qu’on le touche (impossible de le prendre dans ses bras par exemple) ;
- Retenir son souffle : l’enfant se met à faire de l’apnée, ce qui inquiète toujours les parents, car on se demande toujours s’il n’a pas un problème respiratoire. Rassurez-vous, il recommencera à respirer de lui-même.
Pourquoi un enfant se retrouve-t-il en crise de colère ?
La partie responsable de la gestion des émotions, du raisonnement et celle de la résolution des problèmes est une partie relativement complexe et son développement n’est pas terminé avant l’âge adulte.
La gestion de la colère et des impulsions est toujours quelque chose de difficile chez un tout-petit.
Il est capable de se retrouver en crise quand il se sent dépassé par une émotion trop intense ou quand il ne parvient pas à exprimer ses besoins.
Et même quand votre enfant s’exprime bien, il n’est pas souvent possible pour lui/elle de mettre des mots sur ses émotions et sur ce qu’il ressent.
Cela demande de la pratique, mais aussi un accompagnement des parents dès le plus jeune âge.
Raisons d’une colère chez un enfant
Les occasions où surviennent les crises de colère ne manquent pas :
- Il est frustré : il ne peut pas faire ce qu’il désire. Il doit faire face à une contrainte ;
- Il est obligé de faire quelque chose dont il n’a pas envie (manger des légumes, aller au lit, etc.)
- Il se retrouve dépassé par un sentiment d’impuissance, de frustration, de colère ou d’anxiété ;
- Il a faim, il est fatigué, ou il ne se sent pas ;
- Il ne parvient pas à accomplir quelque chose qu’il souhaite faire tout seul ;
- Il n’a pas le vocabulaire suffisant pour exprimer ce qu’il veut ;
- Il a un grand besoin de connexion avec ses parents, car il se sent mis à l’écart, isolé ou seul, voire il s’ennuie.
Il est important de remarquer que certaines enfants ont tendance à faire davantage de crises que d’autres.
Cela s’explique par le fait qu’ils ont une sensibilité différente aux stimuli de leur environnement ou qu’ils possèdent tout simplement un tempérament plus affirmé.
Ainsi, une certaine réceptivité, voire empathie à ce qui se passe autour d’eux, peut les rendre plus facilement irritables.
Enfin, les crises de colère surviennent plus fréquemment chez un enfant qui est moins à l’aise pour s’exprimer verbalement. Naturellement, la colère va s’exprimer autrement, c’est-à-dire par des ris et des gestes.
NB : saviez-vous que la colère fait partie des émotions primaires ? À ce titre, cela signifie qu’elle vous traverse pendant 1 minute. Si vous n’y prêtez plus attention, la colère disparaît. Si vous ressassez sans cesse votre colère, celle-ci s’installe et s’avère plus difficile, voire plus longue à affronter.
La nature complexe de la colère chez l’enfant
Les différentes formes de colère : Identification et différenciation
D’après les professionnels de la petite enfance, on estime qu’il existe 3 types de colère chez les enfants :
- La colère en rapport avec le trop-plein de tensions : on l’appelle la colère liée à la décharge.
- La colère en rapport avec une affirmation des limites personnelles.
- La colère liée à la frustration.
La colère de décharge
Ce type de colère apparaît, par exemple, quand votre enfant se fâche pour une broutille plusieurs fois par jour.
Votre enfant doit probablement vivre un stress interne qui s’apparente à de la colère. Et cette colère s’installe dans le temps et prend la forme d’une agressivité chronique.
Il peut être judicieux de lui proposer un jeu dans lequel il va libérer toute cette tension et tout ce stress.
Concrètement, dans une situation de décharge, l’enfant doit évacuer son stress avant de pouvoir en parler et trouver des solutions.
La colère liée à une affirmation de ses limites
En raison de son âge, de sa taille, de sa position dans la famille, l’enfant peut se mettre en colère pour affirmer ses limites personnelles.
Par exemple, votre enfant se met en colère sans raison apparente parce que sa sœur a touché ses affaires sans quelle lui demande la permission.
Votre enfant peut alors apprendre à gérer cette colère en tapant du pied ou encore en dessinant cette colère pour qu’elle ne se transforme pas en violence.
C’est aussi l’occasion pour vous, comme parent, de vous positionner comme médiateur en indiquant à chacun d’exprimer ce qu’il ressent.
La colère et la frustration
Si vous laissez à votre enfant le droit d’éprouver de la colère parce qu’il a été frustré, on observe habituellement que la colère s’évanouit d’elle-même.
En effet, l’enfant qui a une crise de colère noire parce qu’il est frustré a besoin de mettre des mots sur ses désirs.
Par exemple, quand votre enfant se met en colère parce que vous lui refusez quelque chose, il est déjà en train de se remettre de sa frustration. Tant qu’il peut exprimer sa frustration, celle-ci va finir par se dégonfler et votre enfant retrouvera son équilibre émotionnel d’autant plus que personne ne va chercher à agir sur lui et ses émotions.
Dans ce cas-là, ne lui demandez pas de se calmer, ne le punissez pas immédiatement ou ne l’isolez pas. Attendez que l’équilibre des émotions soit revenu pour proposer une action adéquate.
Vraie ou fausse colère ?
Difficile de décoder parfois les types de colère chez son enfant, n’est-ce pas ?
L’important est de savoir comment est construite sa colère, quelle en est sa véritable cause pour y répondre de manière appropriée.
Quand il s’agit d’une décharge de stress, votre enfant doit pouvoir évacuer son trop-plein : pleurer, bouger, jeux de chahut, faire un jeu en famille avec notre box enfant ou encore une connexion physique avec un câlin si l’enfant en a besoin.
Dans une vraie colère, l’enfant a un besoin d’aller au bout de ses émotions pour libérer toute cette énergie en lui. La vraie colère est non destructrice. Il y a des larmes.
Pour le parent, c’est le moment de l’accompagner avec de mots empathiques par exemple.
Dans une fausse colère, votre enfant doit être contenu et son comportement doit être stoppé immédiatement. Son attitude ne lui permet pas à un retour à l’équilibre.
La fausse colère est destructrice et violente, il n’y a pas de larmes. Cette attitude doit être arrêtée pour faire place à la véritable émotion.
Facteurs potentiellement provocateurs de la colère chez l’enfant
L’alimentation
Il semblerait que notre alimentation puisse altérer notre humeur et notamment le comportement des enfants.
Ainsi, il est connu qu’un enfant hyperactif ou hyper anxieux ne puisse pas manger certains aliments.
En choisissant une alimentation équilibrée, c’est-à-dire pas trop grasse ni trop sucrée (on sait que le sucre a un effet dopant sur la nervosité), on imite déjà les troubles de l’humeur et donc les crises de colère.
Des troubles sensoriels
Certains enfants sont hypersensibles et sont souvent décrits comme des « capricieux », des enfants « maladroits » ou encore des enfants hyperactifs. Ces enfants colériques apparemment ont un comportement agressif, tout du moins qualifié d’extrême.
Ainsi, un enfant peut se montrer insensible aux sensations habituelles comme le froid ou le chaud, mais peut se plaindre de vêtements trop étroits ou qui le grattent.
Il peut très bien tourner sur lui-même pendant plusieurs tours sans tomber ni avoir le vertige, être inconscient d’une situation dangereuse, mais se montrer « collant » avec ses parents a contrario.
Cela signifie que votre enfant ne traite pas certains signaux comme les autres enfants.
Il faut alors lui proposer des expériences sensorielles pour calmer son anxiété et développer sa concentration.
La fatigue
Quand nous sommes fatigués, nous ne sommes pas notre meilleure version de nous-mêmes et cela est aussi valable chez l’enfant. La fatigue a un impact négatif sur notre comportement.
Chez l’enfant, il est préférable d’éviter de cumuler les distractions et lui « apprendre à s’ennuyer » ou à ne rien faire. Il reposera autant son cerveau que son corps et la colère disparaîtra toute seule.
Un manque de routine
Un enfant, surtout quand il est très jeune, a besoin de stabilité et pour cela, rien ne vaut les habitudes qui vont le rassurer.
Les enfants ont besoin d’un cadre pour s’épanouir et un manque de routine peut les perturber alors qu’ils savent à quoi s’attendre, ils développent naturellement un sentiment de sécurité.
Un trouble du comportement
Il arrive que l’attitude d’un enfant colérique s’explique par un trouble du comportement. Et cela peut provenir d’une pathologie, d’un traumatisme crânien ou encore à un facteur génétique.
Ces troubles affectent la manière dont l’enfant régule ses émotions et cela peut expliquer des attitudes comme une agressivité, une impulsivité ou une hyperactivité.
Les symptômes d’un trouble du comportement dépendent de sa cause : manque de concentration, hyperactivité, difficulté de compréhension, difficulté à s’exprimer, etc. Toutes ces difficultés mènent à une frustration et donc à la colère.
Stratégies efficaces pour apaiser un enfant colérique
Devant une crise de colère noire, il est essentiel de ne pas réagir de manière violente et encore moins de partir dans la surenchère.
Voici quelques conseils aux parents pour gérer un tempérament colérique chez leurs enfants.
Encourager l’expression émotionnelle
Il est essentiel de vous positionner en tant qu’autorité et faire comprendre à votre enfant que vous êtes en désaccord avec sa colère.
Même si vous la comprenez, même si votre enfant colérique a besoin de l’exprimer, ce n’est pas une raison d’accepter un tel comportement. Il ou elle doit être ne mesure d’apprendre à gérer sa frustration, sa déception, etc.
Il faut alors lui montrer que vous n’êtes pas d’accord avec son mode d’expression. Mais rassurez-le en restant à l’écoute de ses émotions.
Comment ? Rester calme (même si cela n’est pas toujours facile) et se détacher de la situation.
Il peut être frustré, il a le droit de ressentir ce qu’il ressent, mais ce n’est pas une raison d’« agresser » les autres pour autant. Quand votre enfant sera calmé, alors il pourra revenir vers vous.
Vous pouvez quitter la pièce pour le lui faire comprendre, vaquer à vos activités sans lui prêter attention.
Adaptez le temps à l’âge de l’enfant pour ne pas qu’il associe « quand je m’exprime, on m’abandonne ! ». L’enfant peut aussi aller chercher une boîte à colère ou un coussin de la colère pour décharger sa tension.
L’aider à réguler ses émotions
L’enfant ne parvient pas toujours à se calmer tout seul, surtout quand il est très jeune.
Ce n’est pas toujours un caprice ou une forme de chantage. Votre enfant a besoin de vous pour accueillir ses émotions. En se sentant compris, entendu et sans tomber dans le jugement, cela s’avère parfois constructif et plus efficace qu’une punition.
Demander une médiation d’autrui
Il arrive qu’on ne parvienne pas toujours à faire face à la colère de son enfant. Dans ce cas-là, faire intervenir le partenaire, le conjoint, ou un autre adulte peut alléger le conflit.
Cette personne n’ayant pas participé à la colère saura trouver le calme nécessaire pour faire redescendre la tension. L’enfant pourra alors se raisonner, voire s’excuser le cas échéant.
Si les choses vont trop loin ou s’installent dans le temps, l’aide à un thérapeute ou un médiateur familial peut être une alternative.
Apprendre à s’excuser
Si votre enfant colérique prend conscience qu’il a eu un comportement inadapté, s’il a honte de ce qu’il a dit ou fait, inutile d’en rajouter. C’est l’occasion de lui proposer de s’excuser.
Savoir reconnaître ses torts, c’est aider son enfant à assumer ses responsabilités. C’est l’aider à prendre conscience du monde qui l’entoure et de l’impact de ses actions et de ses attitudes.
Finalement, avec la maitrise de la parole et la possibilité d’expression chez l’enfant, les crises de colère tendent à disparaître progressivement. Même si les cris et les pleurs ne partent pas pour autant, ces derniers se réduisent en durée et en intensité pour laisser la place à un possible dialogue et une verbalisation des émotions.
En tant que parents, vous allez anticiper les situations de crise de colère et apprendrez à limiter les dégâts.